Chronique littéraire : "Dieu me déteste" par Hollis Seamon
Edition La Belle Colère 2014, parution VO en 2013.
Résumé : "New York, hôpital Hilltop. Richard Casey aura bientôt 18 ans. Comme tous les adolescents, il voudrait faire la fête, draguer, s’envoyer en l’air, tomber amoureux… La différence, c’est que Richard sait qu’il ne fêtera jamais ses 19 ans. Il est un peu plus pressé que les autres et, pour vivre fort, il lui faut déjouer les pièges de tous ceux qui préféreraient le voir vivre un peu plus longtemps. Heureusement, Richard a de la ressource, du courage et un solide sens de l’humour. Alors il va ruer dans les brancards. Et si Dieu le déteste, il est prêt à rendre coup pour coup."
Wooooooooooooow.
Ok, ok. J'admets. J'ai acheté ce livre en octobre, en sachant que tout au tard, je finirai pas le lire.
Mais l'envie n'était pas au rendez-vous. Jusqu'à maintenant. Mais qu'est ce qui m'est passé par la tête pour ne pas que je me jetter dessus ?!
Bon, passons à ce que nous attendons tous : Les explicatiooooons (de pourquoi ce livre est génial.)
- Tout d'abord, il y a (le roi) Richard. On pourrait croire que dans une histoire se déroulant aux soins palliatifs d'un hôpital, on allait pleurer, avoir mal. Mais pas du tout. En réalité, on rit. On rit. Et tout ça, c'est grâce au point de vue de Richard, puisqu'il est le narrateur. Il refuse de se plaindre. Il refuse de laisser tomber. Il a beau savoir que son stock de lendemains est limité, il refuse d'y penser, et préfère penser au moment présent, et tant qu'à faire, autant faire qu'il vaille d'être vécu. Avec un humour (ou sarcasme) à tout épreuve, il peut autant faire rire que blesser les autres protagonistes de l'oeuvre. Le tout combiné nous offre le spectacle d'un héros réel, auquel on s'attache, on aime passer du temps avec lui, dans cette unité de soins palliatif, même si, ne vous méprenez pas, c'est loin d'être facile.
- De plus, l'histoire elle-même se déroulant sur une semaine, il faut vraiment que ce personnage ait du charisme pour qu'on l'aime autant en si peu de temps.
- D'ailleurs les autres personnages sont tout aussi... géniaux. De Phil, son oncle totalement dingue qui lui fait vivre un Halloween dément, en passant par sa mère, pour laquelle on ne peut que compatir, les autres patients de l'étage, jusqu'au personnel hospitalier. On entre dans leur quotidien, à eux aussi. Ils sont loin de n'être que de simples infirmiers ou infimières : Ils sont un peu... La famille d'acceuil de Richard. Il y a aussi Sylvie. Sylvie, elle nous émeut à peut près autant qu'on se met à l'admirer, à mesure que Richard en tombe amoureux. Et enfin, il y a le père de cette Sylvie. Que l'on déteste, vraiment. Au début. Puis, on se met à le comprendre. D'une certaine façon.
"Ne perdez pas votre temps. Ce type est un démon.
-Non. Ce type est en enfer, nuance."
- Il y a le rapport au titre. Dieu de me déteste n'est pas donné au hasard : Si les effets de sa maladie sont explicités au fur et à mesure du livre, le nom exact n'est jamais clairement dit. On sait que c'est un cancer, mais pas de quoi. Richard n'aime pas donner trop de détails sur les trucs glauques, ou trop personnels, ou tout simplement barbants. Ainsi, il appelle ça un "DMD", un "Dieu me déteste", parce que "pour quelle raison serait-il malade sinon ?"
- Enfin, il y a bien sûr le message, la morale, les sentiments que nous procure ce livre. Tout au long des pages, on sent bien que cette situation emmerde Richard. Ce qui est normal. Qui sur Terre aimerait être coincé aux soins palliatifs ? Mais malgré sa propre douleur, au fur et à mesure, il se met à intégrer la souffrance des autres. Celle de sa mère. Puis celle des autres patients. Du corps infirmier.
Du père de Sylvie.On finit par se dire que dans la vie, quoi qu'il arrive, on souffre. Pas de la même façon, pas pour les mêmes raisons, mais la souffrance est universelle. Et que c'est pour ça qu'il vaut mieux profiter du jour présent. Carpe diem, comme on dit.
Pour finir, finissons sur la fin.
Je pense que personne ne l'a vu venir. (en tout cas, moi je ne l'ai pas vu venir !)
Je vais seulement vous laisser un gif de ma réaction en arrivant au terme de la dernière phrase, ( de ce qui était, oui, la dernière page. (j'ai vérifié trois fois.) )
Je vous recommande à mille pourcent ce livre, qui est tout sauf banal dans la littérature traitant de la maladie. En fait, ce livre est un peu un croisement entre Ways to live Forever de Sally Nichols, et de Contrecoups de Nathan Filler. Deux livres que j'ai aaaaaaadoré.
Je ne pouvais qu'adorer celui-ci.
Et j'espère que vous l'aimerez autant que moi.
Long live to the king !
Moi, je la vois, la vraie fille sous le masque de la mort.