Chronique littéraire : "Northanger Abbey" par Jane Austen
Editions 10/18, parût en 2012, première parution en 1817.
Résumé : "Par sa gaucherie, ses rêveries naïves et son engouement pour les vieux châteaux, Catherine Morland semble loin des modèles de vertu. Mais si cette jeune Bovary délicatement british n'a rien d'une héroïne, c'est que Jane Austen s'amuse ! Et nous emporte, d'une plume malicieuse, d'un bout à l'autre du plus moderne des romans austeniens."
On m'a repproché un nombre incalculable de fois d'avoir un problème avec les fins heureuses. Si l'on croit mes dires, je suis d'avis que la vie n'est que peine, mort et désillusion, et que de ce fait, jamais les choses ne devraient s'arranger pour qui que ce soit, et afin qu'une oeuvre soit réaliste, elle devrait se clôturer dans le malheur. Chose qui est, je vous rassure, totalement faux. Ce qui est vrai en revanche, c'est que j'ai, je l'admets, horreur des histoires où tout est bien qui finit bien, et qui à défaut de vendre du rêve, ne vend que de la niaiserie et du mensonge. Ce qui explique pourquoi je n'aime pas la new-adult en général et la chick-lit.
Jane Austen est la preuve ultime que les choses peuvent aller bien sans tomber dans tout cela.
Northanger Abbey est une parodie, c'est une chose avérée. Une parodie des romans gothique, mais une parodie du roman en général - L'auteure ridicule son héroïne, qui n'a rien d'une héroïne traditionnelle. Elle est naïve, maladroite, et rêveuse au point de vouloir parfois que sa vie se calque sur les schémas de ses romans favoris. Cependant, ce n'est pas une parodie pour dénigrer les choses, tout cela reste très gentillet, et on s'attache beaucoup à cette chère Catherine, on espère que tout ira bien pour elle. Le personnage de Henry Tinley est génial à lire, car il drôle, taquin... L'esprit d'un romantique qui fait alors bien tourner la tête de notre demoiselle. C'est également une bien jolie parodie du roman gothique - Austen cite The Mysteries of Udolpho d'Ann Radcliffe qu'il faut vraiment que je chronique parce qu'il est génial un nombre incalculable de fois - et nous donne une envie folle de se plonger plus en profondeur dans ce qui fait la littérature anglaise, car ce roman transpire la passion qu'Austen porte à la littérature. Il y a tant de références à des auteurs de son siècle - ou du moins de l'influence qu'ils ont eu - que l'étudiante que je suis était en extase durant sa lecture.
L'auteure s'adresse à nous, nous explique clairement comment elle dresse son roman, le caractère de son héroïne, et par ce biais nous transmet son opinion sur ce que la littérature apporte, et sur la bêtise des êtres qui ne la voit que comme une simple distraction. Ces passages là furent vraiment mes favoris. J'adore les satires sociales qu'elle écrit, j'adore son humour, son ironie, son sarcasme. J'ai ri, vraiment ri en lisant ce livre. J'aime ses critiques, et j'aime l'amour qu'elle porte à son travail.
J'ai préféré Northanger Abbey à Orgueil et Préjugés, car j'ai trouvé qu'elle y mettait beaucoup plus d'esprit, qu'il lui était plus personnel, car il touchait directement non seulement à sa condition de femme, mais aussi à sa condition de passionnée de littérature et qui plus est d'écrivain. Ici, elle prend la défense de son demaine, de ceux qui écrivent, de l'intérêt, l'importance et la beauté de l'écriture. Je l'ai trouvé beaucoup plus cinglante, beaucoup plus directe, et que de ce fait ce livre avait beaucoup plus d'impact. Bref, j'ai adoré.
La seule chose à laquelle je pourrais trouver à redire est que l'auteure met énormément de temps à introduire le fameux Northanger Abbey, même si ce qu'il se passe avant est génial, évidemment. Je viens d'ailleurs d'acheter deux autres de ses romans, qui sont Emma et Persuasion, car encore une fois, j'en redemande.
Puissiez-vous passer de belles lectures, love always. ♡
C'est bien possible, mais on ne peut pas rendre les historiens responsables de la difficulté que représente l'apprentissage de la lecture, et même vous, qui ne paraissez pas une fanatique du travail rigoureux et intense, serez peut-être obligée d'admettre que nous pouvons bien accepter d'être tourmentés deux ou trois ans de notre vie si cela nous permet ensuite de lire pendant tout le reste de notre existence. Songez que si l'on n'enseignait point à lire aux enfants, Mrs. Radcliffe aurait écrit en vain, ou n'aurait peut-être même jamais écrit du tout.