Chronique littéraire : "Une Braise sous la cendre", par Sabaa Tahir
Editions Pocket Jeunesse, parût en 2015.
Résumé : Je vais te dire ce que je dis à chaque esclave qui arrive à Blackcliff : la Résistance a tenté de pénétrer dans l’école un nombre incalculable de fois. Si tu travailles pour elle, si tu contactes ses membres, et même si tu y songes, je le saurai et je t’écraserai."
Autrefois l’Empire était partagé entre les Érudits, cultivés, gardiens du savoir, et les Martiaux, armée redoutable, brutale, dévouée à l’empereur. Mais les soldats ont pris le dessus, et désormais quiconque est surpris en train de lire ou d’écrire s’expose aux pires châtiments. Dans ce monde sans merci, Laia, une esclave, et Elias, un soldat d’élite, vont tout tenter pour retrouver la liberté… et sauver ceux qu’ils aiment.
Après presque un mois d'absence, qu'est ce que ça fait du bien de revenir par ici !
Et pour faire bien les choses, est-ce qu'on ne se ferait pas un bouquin qui fait plutôt bien parler de lui ces temps-ci, hein ? Accumulant les coups de coeur ou les avis dithyrambiques, je n'ai pas eu l'occasion de lire la moindre chronique ne serait-ce que mitigée.
Eh bien, il fallait bien que ça commence quelque part !
Je ne dis pas que ce livre est mauvais ou que mon moment de lecture a été désagréable, loin de là. Simplement, à la vue des thèmes sensés dominer dans le livre, je suis clairement déçue. Il est en effet ici question d'un peuple appelé les Erudits - ce n'est pas rien tout de même -, pouvant être à tout moment réduit en esclavage et même arrêté s'il se faisait surprendre à lire ou à écrire. Qui de mieux qu'un écrivain pour parler du sujet ? Cela aurait pu être une merveille.
Si seulement cela était abordé un peu plus que sur les dix premières pages sur les cinq cent trentes au total, et encore, de manière rapide et assez superficielle. Ici, lire et écrire (ainsi que compter) sont des activités décrites comme de simples capacités - désormais illégales et donc proscrites, qui se perdent... Elles se trouvent réduites à n'être que potentiellement utile, pour compter des marchandises ou lire des lettres de commande, en tout cas avec un but pratique. Je crains d'employer le terme jamais, donc je dirais que la passion ardente que suscite les mots et leurs pouvoirs, si elle est jamais mentionnée - ce dont je doute sérieusement - l'est si peu que je ne parviens même pas à m'en souvenir. A partir de là, le peuple des Erudits pourraient être n'importe quel peuple, pourrait porter n'importe quel nom, car rien ne les définit comme tels.
Ensuite, concernant l'intrigue, malgré qu'elle elle m'ait souvent faite penser à l'excellente saga Legend, m'a parût assez peu originale et très répétitive. Si je n'irais pas jusqu'à la qualifier de fade, j'irais jusqu'à dire assez niaise, au final. Certes, il y a de la violence, un language parfois grossier et vulgaire... Mais il y aussi un triangle amoureux (peut être même un losange amoureux) sortant de nulle part, du genre coup de foudre, de grands et nobles sacrifices pour des gens qu'on le connaît depuis moins de dix jours, mais surtout une énième histoire d'élus.
J'ai réellement du mal à entrer dans ce genre de trame, et encore plus quand les personnages ne font rien - rien pour mériter ce titre d'élu, dont ils ne veulent évidemment jamais, ni pour faire avancer les choses, en bref, des personnages qui se contentent plus de subir que d'agir. Car oui, même si Laia et Elias font évidemment des tas de choses durant cette histoire, ils ne prennent au final que très peu de décisions importantes et attendent plus au moins que tout se passe - et cela n'accentue en rien un quelconque destin tragique ou une quelconque ironie dramatique. J'ai également du mal avec la trame des épreuves à surmonter, non seulement car nous savons tous à coup sur qui sera toujours là lors de la dernière, mais aussi car l'on s'attend tous forcément à un incroyable retournement de situation.
J'ai encore plus de mal avec le personnage de Laia, qui n'a rien de particulier en elle, et n'accroît pas en spécifité au fil du roman. On peut ici m'opposer que justement, cela la rend plus humaine, plus crédible qu'une super héroïne que rien ne brise - Certes, je peux l'entendre. Il n'empêche que ça n'a pas collé avec moi. Au lieu de grandir en force et en maturité au fil des épreuves qu'elle doit surmonter, celle-ci au contraire semble prendre le courant inverse et s'affaiblir, au profit d'Elias, qui jouera principalement les chevaliers en armure. C'est bien là que se trouve mon problème : La femme est bien trop représentée comme faible, les trois principaux contre exemples à cet argument sont la Commandante, femme monstrueuse, La Lionne, qu'on ne connaît que par les fables des protagonistes, et Helene, qui finalement se retrouve affaiblie elle aussi par l'amour qui la consumme. Ainsi, même quand Elias n'endosse pas le rôle du sauveur miraculeux, Laia n'en prend pas avantage, car c'est la niaiserie qui prend le dessus, et c'est normal, puisque l'intrigue sur déroule sur bien trop peu de temps, et de manière bien trop superficielle, vue et revue. L'auteur n'entre pas au coeur du coeur de ses personnages, et n'écrit que des sentiments qui vont de soi naturellement, et qui, même de manière stylistique, ne brille réellement pas. Si le titre pourrait convenir à Elias, où une réelle étincelle, un désir de liberté brûle vraiment en lui, en ce qui concerne Laia... Ce n'est vraiment pas ça, et ce titre irait beaucoup plus à des personnages tels que celui d'Izzy ou de Sana.
Qui plus est, si l'univers en lui-même regorge de potentiel, celui-ci n'est que très peu abordé et de façon très brouillonne, s'étend sur trop de choses à la fois sans pour autant approfondir quoi que ce soit.
En soi, ce livre a de très bonnes idées, mais ne va pas au bout et reste à la surface des thèmes qu'il traite. Vraiment, dommage. Il n'en reste pas toutefois pas moins divertissant.
Puissiez-vous passer de belles lectures, love always. ♡
Je n'ai pas besoin de croire au surnaturel quand une réalité bien pire erre la nuit.